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Channel: Chronique de Vanf – L'Express de Madagascar
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Raha izaho…

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Efa impiry impiry moa nampitandrina teto. Taorian’ny 10 aogositra 1991 aho dia efa nanoratra hoe «Ni Iavoloha, ni 13 mai» (Madagascar Tribune, 12 août 1991). Tsy haiko intsony na impiry na impiry mba «nampitandrina» an-dRatsiraka tamin’ny 2002. Tsy tadidiko ihany koa na impiry na impiry mba «niteny» tamin-dRavalomanana tamin’ireny 2009 ireny. Mbola vao tsy ela akory, vao tamin’ny volana aprily teo, no «nanoratra» ho an-dRajaonarimampianina «taratasy an-gazety». Fa tsy misy mihaino e.
Io «Sady tsy Iavoloha no tsy 13 mai» io no lasa tsy an-tany tsy am-parafaranay mitoroka ny jamba-moana-marenina eny Iavoloha, anefa tsy mankatoa ny korontana tsy maintsy ateraky ny fidinana an-dalambe.
Raha izaho no eny Iavoloha, dia fantenako manokana mihitsy aloha ny olona hanodidina ahy. Tsy olona hanararaotra ny maha «conseiller spécial» azy etsy sy eroa hangalarana sy hanamparam-pahefana fotsiny. Na hanala-baraka hiteny ratsy manompa ny Bianco. Na hanaratsy endrika ny Fanjakana na dia ny laza ratsiny fotsiny aza.
Raha izaho no eny Iavoloha, tena olona hanolo-tsaina no karohiko hanodidina ahy. Ny hevitra tsy azo raha tsy amin’olombelona. Saingy tsy olombelona kitoatoa. Fahaizana manokana, fahendrena, traikefa, fananana hazon-damosina, fa indrindra fitiavan-tanindrazana sy fitsinjovana ny mpiara-belona : ireo no tokony ho tafavondrona ao amin’ny «Collège des Conseillers».
Raha izaho no eny Iavoloha, tsotra ny tanjona : firenena milamina, vahoaka salama, mponina ampy sakafo, fampianarana tsara rafitra, mpitsara tsy miangatra, mpitandro filaminana tsy mivadika ho mpandroba, fananam-pirenena voatandrina, volam-panjakana tsy misy mipika, fifidianana marina.
Raha ireo fotsiny, hamaritra fiaraha-monina mirindra, no hitan’ny olona ho «zava-bita», tsy misy tokony hatahorana ny vahoaka. Tsy hiafina na handositra ny olona ny Filoha ; tsy hahazo olona ny mpanohitra ; tsy ho ataon’ny Facebook fosafosa na fihomehezana izay ataoko rehetra.
Raha izaho indray no mpanohitra, tsy ny rotaka sy fanonganam-panjakana no imatimatesako. Tsy hanakarama «zanadambo» hanani-bohitra aho, tsy hamatsy vola ny miaramila hanongam-panjakana aho, tsy hitehaka vatantay manivaiva jeneraly aho, tsy hitarika vahoaka handoro Radiom-pirenena sy tranon’olona aho, tsy ho faly amin’ny korontana sy ny fandrobana aho satria hoe hanahirana ny Fitondrana, tsy hanevateva ny Andrim-panjakana aho, tsy handrehoka amin’ny seza Fitondrana izay kasaiko hipetrahana manaraka aho.
Ny Demokrasia tsy fahaganana tampoka. Any amin’ireny firenena manintona antsika ireny, Amerika, Eoropa, Kanada, nandalo sedra sy taonjato maro rizareo vao tonga amin’ny sehatra misy azy ankehitriny. Sehatra mbola misy madilana ho tetenina hatrany hatrany, fa ezaka iombonana ny fanamasahana azy isanandro : ny mpitondra tsy manafintohina, ny mpanohitra tsy manao amboletra.
Asa izany, ezaka, fifampitaizana.

Par Nasolo Valiavo Andriamihaja


Gâchis, toujours.

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C’est le général Gallieni qui décida l’immigration de Chinois à Madagascar, pour assurer la construction du chemin de fer de l’Est, entre Antananarivo et Toamasina. Le premier convoi de «coolies» chinois, originaires de Moncay, arriva à Tamatave, le 10 mai 1896. Ils seront 3.003 exactement à débarquer à Madagascar par les quatre convois de mai 1896 (rapatriés en février 1897), août 1896 (partis en mai 1897), avril 1897 (de retour en décembre 1897) et août 1897 (rembarqués en mai 1898). Les derniers 764, arrivés en juin 1901, auront quitté Madagascar en avril 1902.
On peut cependant estimer comme théorique le principe de ces rapatriements, sachant que la communauté chinoise, essentiellement cantonnaise, était recensée à 9.203 en 1967, avec un ratio de sexes suffisant pour une croissance endogame naturelle.
On sait peu de chose sur les Chinois qui, dans les années 1980, avaient refait la RN2, la même route Tana-Tamatave, sur la trace de leurs lointains compatriotes. On dispose d’encore moins d’informations sur les Chinois qui avaient livré les presque 5 kilomètres de rocade, entre Andohatapenaka et Ambodihady, en seulement six mois de travaux. C’était le 18 novembre 2016. On ignore presque tout des Chinois de l’entreprise «China Harbour Engineering Company» qui avaient pourtant réussi le petit exploit des 11 kilomètres entre Tsarasaotra-Laniera-Ivato. Une route ouverte à la circulation juste avant le Sommet de la Francophonie. Une voie expresse dont on savait le revêtement trop hâtif pour être durable. Elle est d’ailleurs fermée depuis la fin du Sommet. Mais, une petite incursion sur cette voie, qui mettait l’aéroport d’Ivato à dix minutes des embouteillages d’Alarobia, permet de se rendre compte de sa dégradation déjà avancée.
La base-vie des Chinois du «CHEC» est en cours de démantèlement. Mais, pas dans les règles de l’art. Une impression de pillage s’en dégage. Les murs décorés d’idéogrammes sont attaqués à la masse, les briques détachées, le fer du béton récupéré. Les coups de burin sur les coffrages métalliques des poteaux d’angle semblent sonner un angélus sinistre, presque le toscin d’un on-imagine-gâchis.
Et c’est à un autre bâtisseur étranger, Jean Laborde, que je pense immanquablement. Comme l’Écossais James Cameron, le Français Jean Laborde sera naturalisé par la reine Ranavalona 1ère (1828-1861) pour services rendus : il fut le maître d’oeuvre du palais originel de Manjakamiadana, en bois ; il forma des artisans qui se constituèrent en «caste» : ceux d’Ilafy, ceux de Mantasoa ; sur ce dernier site, justement, subsistent encore les ruines de sa cité industrielle, «Soa-tsi-manan-piovana».
Une beauté qui devait rester immuable, mais que l’expulsion de Jean Laborde, en juillet 1857, allait livrer au vandalisme et aux pillages. En mars 2009, dès le départ en exil de Marc Ravalomanana, les magasins et locaux de l’entreprise TIKO, ne résistèrent pas plus longtemps à l’acharnement des «petites mains». Aujourd’hui, juillet 2017, la débandade de la coopération sino-malgache, à 100 mètres du bureau de Fokontany d’Ambodifasina, offre le même triste spectacle de gâchis.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

D’un 14 juillet à l’autre

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La réception du 14 juillet à la Résidence de France s’impose comme un marqueur diplomatico-mondain de l’agenda tananarivien. Chaque détail interpelle et apporte son lot de commentaires. L’officialisation des kakémonos des sponsors du cocktail, l’innovation d’une inscription en malgache («Lafrantsa eto Madagasikara»), l’interminable attente de l’arrivée du Chef du Gouvernement malgache comme si ce rendez-vous n’était pas déjà programmé depuis un an qu’il faille lui inventer un empêchement de dernière minute.
Notre «fotoan-gasy», un manque de savoir-vivre érigé en exception culturelle, allait donc me devenir un premier sujet de petite honte. Mais, le contenu du discours français, et sans doute aussi allemand et américain ou japonais (les Russes et les Chinois insistant moins sur les piètres performances des gouvernances locales dont ils n’ont cure), allait, comme chaque année, me plonger dans un embarras dont je ne peux en vouloir qu’aux dirigeants successifs, coupables d’avoir transformé «un pays d’avenir» en Grande île de tous les conditionnels improbables.
Quand l’Étranger évoque Madagascar, depuis dix, quinze, vingt, trente ans, s’enchaînent pêle-mêle, les sécheresses qui succèdent aux cyclones, l’extrême pauvreté et la grande précarité dans laquelle survit une part chaque jour grandissante de la population, le feuilleton des promesses de dons et autres aides budgétaires à un État qui vit définitivement au-dessus de ses moyens. Cette année, la recrudescence des kidnappings cochait une case supplémentaire au plus grand embarras de notre susceptibilité insulaire.
Je me suis amusé à rechercher, un peu au hasard, les discours des ambassadeurs de France dans d’autres pays, à l’occasion d’un 14 juillet. À Singapour, comme à l’île Maurice, le «Singapour de l’Océan Indien». Au Maroc également, pays où Hubert Lyautey fut Résident général, de 1912 à 1925, après être passé par Madagascar (le Grand Sud, Fianarantsoa, Ankazobe) de 1897 à 1902.
À Singapour, 14 juillet 2009, l’ambassadeur de France mit en exergue les 15 milliards de dollars du commerce entre les deux pays. Avant de parler de l’alliance stratégique entre HEC (Hautes Études Commerciales) et NUS (National University of Singapour) Business School. Ou de la coopéeration entre les musées des deux pays.
En 2015, l’ambassadeur de France à Maurice évoquait le tricentenaire de l’arrivée des premiers Français sur l’île. Fut également à l’honneur le Campus international de Médine, une plate-forme régionale d’enseignement supérieur réunissant l’Université Panthéon-Assas, l’École centrale de Nantes, l’ESCP-Europe et SUPINFO. Cette année-là, le ministre mauricien de la Culture s’était rendu à Paris pour renforcer la coopération avec les institutions culturelles françaises.
De son côté, toujours en 2015, l’ambassadeur de France au Maroc citait en exemple l’usine Renault à Tanger et la future implantation de Peugeot à Kénitra. Et si la mobilité étudiante marocaine en France est forte, avec 34.000 Marocains qui constituent le premier contingent d’étudiants étrangers, des établissements français d’enseignement supérieur allaient s’implanter au Maroc : École centrale de Casablanca, INSA international de Fès.
À l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance du Maroc, une double exposition avait été organisée à Paris : le Maroc médiéval au Louvre et le Maroc contemporain à l’Institut du Monde arabe.
Marre de notre clochardise d’État, honte à notre quémandage «androrosy», foin de l’inventaire à la Prévert de toutes les aumônes du sous-développement. La coopération universitaire, l’interaction culturelle, le transfert de technologie : voilà d’autres sujets dont le passage en revue donnerait tellement plus de légitimité à notre nationalisme.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

De la démission

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La démission est chose suffisam­ment rare dans les instances du pouvoir à Madagascar pour que la décision de l’ancien ministre des Finances, Gervais Rakotoarimanana, mérite d’être signalée.
Chez nous, la règle serait plutôt le «tsy hiala aho» (non, je ne partirai jamais). Certains limogeages avaient même tourné au psychodrame avec mobilisation plus ou moins spontanée des anciens collaborateurs et intervention musclée des forces de l’ordre pour faire respecter la décision du Conseil des Ministres. Présidents, ministres, parlementaires, généraux, directeurs généraux, se trouvent mille raisons de se perpétuer dans la contre-productivité mais jamais une seule au nom de la cohérence avec soi-même ou de la dignité personnelle ou de l’intérêt public.
La première démission célèbre de l’histoire serait celle d’Andriantompokoindrindra, au XVIe siècle. C’est la tradition que les andriana d’Ambohimalaza perpétuent, notamment à travers l’ouvrage de Rasamimanana et Razafindrazaka (1902). Cette tradition
d’un abandon volontaire du pouvoir par Andriantompokoindrindra pour le remettre
à son demi-frère Andrianjaka est, cependant, mise à mal par une thèse de doctorat
soutenue à Paris (Alain Delivré, 1968) qui trouve plus de cohérence à la tradition orale recueillie dans le Tantara ny Andriana (Joseph Callet, 1873).
Dans l’histoire plus contemporaine, le référendum du 8 octobre 1972 avait donné mandat au général Ramanantsoa jusqu’en 1977. Un livre (Roger Archer, 1976), qui fit le succès de l’existence d’un «Club des 48» réunissant la bourgeoisie tananarivienne, retraça assez tôt les «contradictions internes» du nouveau régime, au sein même du Conseil des Ministres, tiraillé entre les ambitions rivales des colonels Roland Rabetafika, Richard Ratsimandrava et du capitaine de frégate Didier Ratsiraka. Sur fond de scandales liés aux opérations financières de la SINPA et de la SONACO, d’une enquête autour de la Compagnie Marseillaise, d’une tentative de coup d’État militaire en décembre 1974, de pressions du CNPD (conseil national populaire pour le développement), le général Gabriel Ramanantsoa se retira le 4 février 1975.
On l’a vu : les évènements, qui suivirent cette démission de 1975, furent dramatique­ment aventureux. Dans sa thèse, «L’histoire des rois d’Imerina : interprétation d’une tradition orale», Alain Delivré démontre une toute autre stabilité, monarchique, qui associait le principe du «Fanjakana tsy afindra» (le pouvoir reste dans la dynastie) et la méthode de la désignation à deux degrés («anio» immédiat et «farany» en dernier lieu). Prévoyance indispensable pour éviter qu’après chaque décès, le stade suprême de la démission, en quelque sorte, ne soit le déluge. Mais, par nature, la République est naturellement plus précaire que la Monarchie.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Plaidoyer pour l’avortement libre

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«Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme. Je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes». Ce furent les mots de Simone Weil devant les députés français au moment de présenter la loi qui allait légaliser l’IVG (interruption volontaire de grossesse).
À Madagascar, l’étude de la loi sur l’avortement a été reportée à octobre 2017 par les Sénateurs. À l’époque de cette décision, le
30 juin 2017, mourait Simone Weil, celle qui avait légalisé l’avortement en France. C’était en 1974. Soit tout de même sept ans après l’Abortion Act au Royaume-Uni. En 2008, le Président de la République en personne, Marc Ravalomanana, avait publiquement pris position contre la dépénalisation de l’avortement. L’église catholique malgache avait abondé dans le même sens.
En France, depuis 1982, l’IVG est remboursée par la Sécu. L’entrave à l’IVG est même devenu un délit en février 2017. Tout le contraire chez certains médecins italiens qui peuvent se revendiquer «objecteurs de conscience» pour refuser de pratiquer l’avortement, bien que l’Italie l’ait légalisé.
Ceux (parce qu’ils accompagnent celles) qui ont déjà eu recours à l’avortement connaissent cette oppression de clandestinité. La décision elle-même est comme chuchotée à sa conscience. L’acte est honteux. Sa douleur demeure cachée. Le réconfort, comme l’intervention, se fait en catimini.
Une légalisation de l’avortement assurerait le confort et la sécurité d’une intervention qui ne serait pas plus illicite, ni plus dangereuse, qu’un rendez-vous chez le gynécologue (oui, il y a toujours plus de gynécos hommes que de femmes et la question semble tranchée dès la deuxième année de Médecine).
Les avancées, justement, des techniques médicales permettent de conjurer ce que hier on abandonnait au destin : «lahatra», «vintana», «anjara». Le suivi du liquide amniotique, par exemple, sert à diagnostiquer d’éventuelles maladies génétiques, les anomalies chromosomiques, ou des pathologies hémolytiques, qui décident la nécessité d’un avortement thérapeutique.
Comment, par exemple encore, infliger une double peine à une femme victime de viol : outre l’atteinte à son corps, elle devrait porter l’enfant d’un salaud qui mériterait, d’ailleurs, la peine de mort que les députés malgaches ont malencontreusement supprimée de notre arsenal pénal ! Même la Pologne et Chypre, deux pays opposés à l’avortement, lèvent le veto dans le cas d’un viol. En Europe, Malte et l’Irlande restent les deux sanctuaires qui prétendent défendre la vie, même fruit d’un viol.
Alors que le président français Émmanuel Macron a pointé du doigt la smala innombrable d’encore trop de femmes en Afrique en particulier et dans le Tiers-Monde en général (huit enfants, c’etait pour les générations nées en 1910, dans ma famille), on pourrait adopter une posture de double précaution en matière de planification familiale : la prévention par l’éducation, l’équipement par les préservatifs (ou la pilule), mais aussi la solution médicalisée par l’avortement pour les spermatozoïdes qui passeraient entre les failles du discours et les hésitations du latex. En Finlande, quand une femme compte déjà quatre enfants ou si elle justifie de réelles difficultés économiques, on l’autorise à pratiquer l’avortement.
Pour la période 1979-2015, entre l’année du lancement de la politique de l’enfant unique et l’autorisation d’un deuxième enfant, les autorités chinoises revendiquent avoir évité 400 millions de naissances, contribuant ainsi au miracle économique chinois. Il n’est pas question de souscrire ici à la pratique des avortements forcés, ni des contraceptions sélectives épargnant les foetus mâles, ni d’exposer les familles au risque de non-renouvellement des générations avec un taux de fécondité inférieur à 2,1 enfants par femme.
Mais, il faut arrêter d’invoquer la Culture pour simplement nier le bon sens. «Fito lahy, fito vavy», à la seule condition d’avoir les moyens de leur civisme. La démographie reste un enjeu existentiel : quand les familles éduquées de la classe moyenne ne font plus suffisamment d’enfants, il ne faut pas s’étonner que la démocratie par le nombre soit tirée vers le bas par la masse critique des enfants trop nombreux à la charge des familles les plus démunies. Trop d’enfants, pas de moyens, santé précaire, instruction lacunaire, éducation défaillante : un cocktail explosif qui peut sceller le sort d’une civilisation.

Nasolo Valiavo Andriamihaja

Tompon’ny taona telo arivo

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Ny zanantsika, afaka CEPE (diplôma ho foanana atsy ho atsy, raha ny vinavina, anefa mba mari-taona amin’ny fitaizana hatrizay no sady mariky ny farafahakeliny tokony ho hay raha hiatrika avy hatrany ny fiainana fa tsy afaka hanohy fianarana), nahazo Brevet, nanala Bacc. Ny sasany efa lasa vakansy.
Ny zaza hafa, sahirana, tahaka ireto nifanena tamiko tetsy Amboanjobe, amin’iny lalana mampitohy ny «Resto Gasy» sy «Cinq-Pagodes» champ de tir-nay tamin’ny SNHFAP (service national hors forces armées populaires : nalaindaina tamin’ireny fotoan’andro ireny, raha nanao SN, saingy rehefa tena dinihina amin’ny saina tsy miangatra, misy noraisina, azo notsakoina, entina saintsainina, raha toa ka tena asa no tanjona fa tsy ideôlôjia : ohatran’ny tiako ihany, aty aoriana, raha izaho vao afaka Bacc iny mba afaka nizara fahalalana tamin’ny mpianatra hanala CEPE na BEPC teny Ambohidratrimo-Marovatana, na Ambohimanga-Avaradrano, na Mangamila-Anjozorobe…). Tetsy Amboanjobe, ankizy taona hanala CEPE, na mbola zandriny kely, no manampy ny raimandreniny mitaona biriky (ny tena marina «miloloha», izay fanao tena manimba ny masoko mihitsy satria ohatran’ny hoe adinontsika fa efa noforonin’ny zanak’olombelona ny kodiarana).
Ny antsika, ny ankizy, raha tsy mikiraro dia satria mandia tora-pasika amoron-dranomasina. Fa ny azy ireto, faladia no miady amin’ny vatokely sy «goudron». Nanontaniako ny lehibebe taminy hoe firy no biriky tsy maintsy afindra toerana : tsy isaina, hono, ny biriky manta fa izay tonga tsy simba eny am-patana no kaonty sy andraisana karama. Lasa teo ny saiko sy ny kajy : raha ankizy iray, mahavita miloloha biriky enina isaky ny «voyage», impiry moa izany no
hivezivezy eo ireo   «Équation à deux inconnues» moa izany sa ahoana fa tsy havanana tamin’ny «mathématiques» mihitsy ny tena vao nahazo BEPC…
Ontsa ihany ny tena mahita zaza mitovy taona amin’ny zanaka ao an-trano ka dia lasa nividy «Fanta» aho. Nisy zazakely iray, mbola mihanta ho babena, tsy maintsy nentin-dry zareo nanaraka azy fa angamba tsy misy miandry any an-trano. Niera tamin’ny reniny kosa aloha aho raha afaka manome azy ilay «Fanta». Zaza moa, zaza foana, revo izy nahita ilay rano marevaka an-tavoahangy ka saika kofona raha nisotro haingana loatra…
Ireo teo Amboanjobe ireo no teo ambany masoko. Fa any lavitra any, mbola misy zaza sy ankizy hafa. Misy, noho ny zava-misy samy hafa mitranga amin’ny fiainana, tsy fidiny araka ny fiteny, lasa kamboty. Soa anefa fa misy mpiahy. Tsy tanty loatra ny vesatry ny alahelo sy fanantenana mifangaro manitsy anao anatin’ny mason’ireny zaza ireny. Misy olona sahy, mahay, ary mahavatra miatrika izany ho antsika. Tsy manangan-tanana matetika ireo, fa afaka soloim-bava eto.
Any koa, hono, ambanivohitry Tsiroanomandidy, sekoly iray izay fantatra fa zanaka dahalo avokoa ny mpianatra ao. Inona moa izany ny fanabezana fahendrena («éducation civique») azon’ny mpampia­natra zaraina aminy maraina, anefa ny alina hitany rainy miomana ndeha handroba na hamono olona, ary miverina mangiran-dratsy miaraka amin’ny remby, omby sy olona babo   Any Anjiro, any Ambalavao, mivoaka an-gazety, ankizy taona haka BEPC hono no taizana hitora-bato ny fiara, hitsikilo izay ho horobana, hanafina an-trano ny entana halatra.
Ankizy ho mpifidin’ny demokrasia… Handatsa-bato, hanabe isa. Hanatevin-daharana : saingy ho ny ratsy sa ho ny tsara. Ny soa no fianatra. Raha ny raiamandreny niteraka indray no mampiana-dratsy, sahady ary mihitsy, ny ankizy, ho aiza ity Madagasikara ity…Iza no ho tompon’ny taona telo arivo

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Savoir-vivre et vouloir vivre ensemble

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Quand il s’agit de Culture malgache, on évoque souvent la convivialité dont son côté «gasy» serait empreint. La cérémonie du «famadihana», dite du «retournement des morts», est un incontournable des guides touristiques. Le «hasoavan-jaza» ou circoncision, moins cité, est également associé à la tradition. Mais, aujourd’hui, en 2017, ce n’est certainement pas le mot de convivialité que j’associe à leur double manifestation en cet hiver austral.
Certes, Antananarivo a toujours gardé un petit côté champêtre. Il n’est pas jusque dans le périmètre immédiat du palais de Manjakamiadana, sur la Haute-Ville emblématique, où l’agriculture urbaine se perpétue. Non sans quelque charme enchanteur, pour ne citer que le site du «Farihin-dRasahala». La configuration d’Antananarivo, la colline des palais surplombant la plaine du Betsimitatatra, une île au milieu d’un océan de rizières, a toujours ménagé la possibilité de niches un peu campagnardes. Un poulailler dans une arrière-cour, au détour d’une des ruelles inaccessibles en voiture de la Haute-Ville ou de la Ville moyenne, est monnaie courante. Quel automobiliste tananarivien n’a pas un jour ralenti à cause des vaches sur la route de l’Université, ou des chèvres (?!) du côté de la Cité de la gendarmerie sur la route d’Ampandrianomby (où-on-parque-les-boeufs). J’ai même trouvé une porcherie, au fond de la vallée d’Ambanidia.
Mais, voilà, la part urbaine d’Antananarivo s’accommode définitivement mal de certains comportements demeurés ruraux, alors que la dernière migration organisée, depuis les «Toko» de l’Avaradrano, remonte à l’époque d’Andrianampoinimerina, à la fin du XVIIIe siècle. Nous vivons en ville. Une métropole d’un million d’habitants. La plus grande agglomération des îles de l’Océan Indien. On s’y attend à rencontrer les problèmes inhérents à toutes les villes du monde : surpopulation, embouteillages, pollution de l’air, cherté de la vie, cosmopolitisme des moeurs. Mais, certainement pas à se retrouver coincé deux heures à Andohatapenaka parce que des gens pensent de leur bon droit d’exhiber sur la voie publique leur parent en linceul. Certainement pas non plus à ne pas trouver le sommeil parce que d’autres gens croient toujours de leur bon droit de faire kermesse pour célébrer une circoncision qui, dans une ville normale, devrait se dérouler, non seulement dans l’intimité de la famille, mais dans la sécurité d’un environnement médicalisé. Ni encore moins à rester zombie trois nuits parce qu’un «fiandrasam-paty» (veillée funèbre) dans le voisinage tourne au karaoke.
Le 16 août 2014, j’écrivais déjà, dans «Impasse» ou «Puisque annihiler n’est pas possible» : «La société malgache est traversée de tensions de classe. Les tenants d’une certaine tradition dansent, et sifflent, mais surtout encombrent une circulation déjà tout à fait démentielle dans les rues de la Capitale, au prétexte qu’ils procèdent au “famadihana” (dont on sait que la cérémonie va les ruiner) ou qu’ils célèbrent la circoncision d’un mâle de la famille. Nous “izahay” et Nous “Isika” pestons contre toute appropriation privative du moindre espace public, et en arrivons à détester toutes ces extravagances “populaciennes”. Appliquer la loi dans toute sa rigueur, certainement puisque c’est la loi. Prévoir des mesures d’accompagnement, peut-être, parce que les conséquences sociales ne sont pas indifférentes».
Précédemment, le 26 juillet 2010, importuné toute la nuit par une autre «fety», j’avais pu adresser un courrier directement aux autorités de la Capitale : «Il est quatre heures du matin. Je vous écris pour signaler un tapage nocturne (véritable kermesse) qui dure jusqu’à cette heure-ci, quelque part dans le quartier Avaradoha-Besarety. J’ai appelé le commissariat du 3e arrondissement qui me demande de préciser le lieu exact, ce qui m’est malheureusement impossible. En cette période de  »hasoavana » et autre  »famadihana », il faudrait s’enquérir de la base légale pour qu’on puisse interdire ce genre de manifestation au-delà de l’heure raisonnable accordée à tout le monde. Fomba ou pas fomba, il y a un comportement urbain désormais incompatible avec ce genre de sans-gêne».
Malheureusement, dans la nuit de ce vendredi 21 juillet 2017, je n’avais ni Préfet de police à appeler, ni Maire de la Capitale à contacter, ni Ministre de la Sécurité (donc de la quiétude) à réveiller. Je leur aurais soumis une double problématique : Sans-gêne dans le savoir-vivre urbain. Savoir-vivre tout court et vouloir vivre ensemble.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Mettre le burqa hors-la-loi

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Le burqa interdit au baccalauréat. Cette note du ministère de l’Éducation officialise donc une réalité toute neuve à Madagascar. Jamais encore, avant ce mois de juillet 2017, une telle note n’avait dû être prise, mais malheureusment, le voile intégral a depuis fait son apparition à Madagascar.
Auparavant, les femmes musulmanes de Madagascar ne portaient pas le voile intégral, ce burqa qui dissimule jusqu’au visage. Une vraie camisole qui enferme certaines femmes musulmanes dans une véritable prison psycho­logique. Depuis un an, on en voit à Ankadivato, à Ambohi­dahy, à Ambohijatovo : cette note du ministère de l’Éducation, pour les besoins d’identification des candidates au baccalauréat, ne doit-elle pas être étendue à tout l’espace public, au moins pour les mêmes besoins d’identification (qui se cache derrière ce moucharabieh, femme ou homme déguisé) mais surtout pour endiguer une dangereuse radicalisation ourdie par les Salafistes, les Talibans ou Daesh.
Juste avant le «printemps arabe» qui fit chuter Hosni Moubarak, l’Égypte, un pays à forte majorité musulmane, avait commencé à attaquer le burqa, le signe extérieur le plus visible d’une certaine radicalisation salafiste qui avait commencé en l’an 2000. L’Université al-Azhar et l’Université américaine du Caire furent alors les deux institutions à interdire le port du voile intégral. Certaines musulmanes prétendaient s’identifier aux épouses du Prophète Mahomet en portant le burqa, mais l’Imam à la tête de l’Université al-Azhar affirma que les femmes de Mahomet n’étaient pas voilées. Une «tradition» inventée donc de toutes pièces par les islamistes les plus fanatiques : des terroristes capables de bombarder des statues du Bouddha à Bam, de saccager les Antiquités du musée de Mossoul, de vouloir démanteler les pyramides de Gizeh, de s’attaquer à la foule dans les rues d’Occident ou d’attenter à la vie d’une lycéenne au Pakistan.
La société égyptienne avait été contaminée par la conception rigoriste de l’Islam à cause de l’influence des nombreux travailleurs égyptiens qui revenaient des pays du Golfe, imprégnés de wahhabisme saoudien. À Madagascar, on ne se pose jamais de question. Faut-il, par exemple, s’inquiéter d’un éventuel endoctrinement des travailleuses malgaches qui s’exportent en masse vers ces pays arabes ?
Ces musulmanes en burqa, qu’on vit débarquer des vols Turkish Airlines, que viennent-elles faire à Madagascar ? D’où arrivent-elles ? Et combien sont réparties au terme de leur visa à moins qu’elles ne soient en train de vivre clandestinement dans le pays ? Il faut craindre que notre administration, incapable de tarir l’exportation illicite de tortues endémiques, ne soit également impuissante à tenir le compte des porteuses de burqa qui s’infiltrent à Madagascar.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja


Recommandation à mes enfants

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Deux évènements récents me confortent dans certaines recommandations à mes enfants. Le premier est la frénésie Facebook à l’annonce du décès (supposé suicide) d’un homme d’affaires devenu politicien. J’ai toujours dit à mes enfants : n’étalez jamais votre vie sur les réseaux sociaux. Donner sa vie en spectacle expose à une propension malsaine naturelle chez certains de nos congénères humains. Ceux-là se délectent du malheur des uns et des autres. Commentaires déplacés et propos indécents deviennent alors le lot de ceux qui ont eu la mauvaise idée de se donner en pâture aux destructeurs d’honneur ceux dont la posture psychologique est la calomnie.
N’étalez donc jamais votre vie sur Facebook et les réseaux sociaux. En corollaire, ne vous mêlez jamais non plus de la vie d’autrui. Plutôt que de regarder les autres vivre, et peu importe ce qu’ils font de leur vie, vivez pleinement la vôtre. Ne perdez pas votre temps à commérer sur l’adultère d’Untel, l’insoutenable légèreté de vie d’Unetelle, les moeurs et autres débauches qu’on prête aux uns et aux autres. C’est leur vie, pas la vôtre.
Ne succombez pas à la tentation trop facile de cette société hyperconnectée de la mise en scène de soi et du voyeurisme d’autrui. Quoique. À son époque, le milieu du XIXème siècle, Balzac croquait déjà avec croustillance les regards qui s’attardent, les oreilles qui traînent, les mille et une indiscrétions dès la loge de la concierge, dans l’escalier, sur chaque palier, d’une porte à une autre. Comme si on ne pouvait pas s’empêcher d’écouter aux portes, d’épier à la dérobée, de commenter chaque fait et geste, chez les autres. Et vivre par procuration, chez soi.
Le deuxième petit évènement a trait à cette bataille rangée entre les membres d’une secte et les villageois des abords de Soanierana-Ivongo, sur la côte Est. J’ai toujours recommandé à mes enfants un scepticisme distant envers les religions. Ne croyez jamais à l’existence d’un messie. Ne vous égarez pas à suivre un prophète auto-proclamé. Ne vous laissez jamais subtiliser votre esprit critique au prétexte de croire, de croire simplement.
N’aliénez jamais votre libre-arbitre et empêchez qu’un quelconque gourou vous instrumentalise : ce n’est pas un apôtre, encore moins un dieu, juste un vulgaire criminel qui s’arroge privilège de dépucelage sur les vierges, droit de cuissage sur les épousées, racket sur les revenus des adeptes. Il est d’ailleurs un fait dans cette affaire de Soanierana-Ivongo : si j’ai bien compris, les adeptes
de la secte se trouvaient à la merci d’un multi-récidiviste, un «dahalo» soi-disant repenti, comme tant d’autres comédiens qui s’inventent une vocation évangélique ou jihadiste en prison. Alors, je dis à mes enfants : si le bon sens était réellement la chose du monde la mieux partagée, et que les crimes étaient punis à la hauteur de leur horreur, la récidive n’aurait jamais lieu. Un condamné à mort ne récidive pas.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

La civilisation du silence

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Le bruit est vulgaire. C’est une forme fruste de manifestation. J’imagine des tribus barbares hurlant à qui-mieux-mieux pour signifier une joie quasi-animale. Onomatopées éructées, borborygmes inarticulés, gargouillis primitifs. Tant que c’est bruyamment communicatif.
Heureusement dans nos sociétés, chacun peut se ménager son bruit. Casques pour se couper du monde ou écouteurs vissés dans l’oreille : mais, même alors, les fabricants n’oublient pas de mettre en garde contre des dégâts physiques irréversibles sur le système auditif si le volume devient trop fort. Faut-il être, au mieux sourd, au pire fou, pour, comme dans ce magasin confiné, ou à bord de ce taxi qui s’entend venir de loin, mettre la musique à fond et se complaire dans ce vacarme à longueur de journée !
Déjà, le bruit est d’une telle vulgarité ! Une porte qu’on laisse claquer. Une chaise qu’on traîne sur le sol. Des couverts qui cliquètent. C’est celui-ci qui parle trop fort à une table. Il incommode alentour. C’est le voisin d’en face qui met à fond son programme évangélique. C’est le karaoke, seul endroit où les fausses notes ont le droit d’être chantées à tue-tête. C’est le studio d’enregistrement qu’aucune autorisation n’a obligé à s’enfermer dans un caisson souterrain.
Le bruit, que dis-je, le vacarme, est une agression caractérisée. Ce sont ces camions publicitaires et leur procédé éculé : déverser sur la voie publique des décibels assourdissants, recruter de jolies filles à faire les intéressantes, débiter le racolage convenu. Que ce soit pour une boisson, que ce soit pour une marque de téléphone, que ce soit pour un lubrifiant moteur : on dirait, d’ailleurs, que les agences de communication manquent d’imagination, sinon du bon sens, d’une approche subtile, différenciée, affinée. Faire du bruit, seulement du bruit, le maximum de bruit, pour attirer l’attention avec le risque de la détourner à jamais de pareille source de nuisance.
Dans un temple confucéen, j’avais connu un silence tellement apaisant que j’eus du mal à m’en aller. Et, à l’époque, où les temples de Faravohitra ou d’Ambohipotsy ne devaient pas être cadenassés par peur du vandalisme et de la délinquance, je me souviens m’être soustrait au tumulte du dehors simplement en m’asseyant quelques instants dans leur pénombre tranquille. Comme, enfant, j’aimais me glisser dans la chapelle du Collège Saint-Michel, loin de la cohue de la cour de récréation : la messe devrait rester ces moments de solennité de mon enfance, plutôt que cette kermesse d’un folklore douteux.
À cette génération sacrifiée, la génération taxibe qui a grandi à cinq sur des strapontins pour trois, qui confond les piaillements nasillards des «aide-chauffards» avec le service public, qui a fini par s’accommoder de tous les travers de conduite personnelle et automobile, je propose donc de l’éduquer à travers ses enfants.
À ces derniers, tout au long de la scolarité obligatoire, des cours d’éducation civique sur le savoir-vivre ensemble, condition préalable au vouloir-vivre ensemble. Que les droits de soi s’arrêtent où commencent les droits d’autrui. Que le bruit doit rester une exception, une parenthèse maîtrisée, une extravagance contenue. Que le droit au silence est, plus qu’une liberté fondamentale, une exigence de santé mentale et un critère de civilisation.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Un deuil du tiers-monde

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Une tragédie du tiers-monde. Rappelez-vous, le naufrage du ferry Joola au Sénégal, en septembre 2002 : il y avait plus de 2000 passagers pour une capacité normale de 552 places, sans compter le surplus de frêt. Il était presque inéluctable que 1863 personnes trouvent la mort cette nuit-là. Mais, il y eut pire encore. Aux Philippines, un archipel de 7000 îles, le ferry Dona Paz était entré en collision avec un pétrolier : dans le double naufrage suivi d’incendie, 4375 passagers perdront la vie, dont 1000 enfants de moins de quatre ans, alors que le navire ne pouvait embarquer que 1518 passagers. En août 2009, vingt-deux ans après le drame, National Geographic sortit le documentaire du réalisateur phillipin Yam Laranas avec le titre «Asia’s Titanic» : «Nearly one fourth the size of the Titanic, Clear Night, No icebergs, Almost five thousand lives lost». Chaque fois, le constat est implacable : non-respect des règles, corruption, complaisance des autorités.
Le décompte macabre est sans fin : 20 février 2002, Égypte, train au double de sa capacité : 373 morts ; 24 juin 2002, Tanzanie, train de voyageurs surchargé, «lany première» comme on dit en malgache, heurte par l’arrière un train de marchandises : 300 morts ; 1er août 2007, Congo-Kinshasa, train de marchandises transportant des passagers clandestins : 100 morts ; 20 décembre 2015, Sulawesi, Indonésie, naufrage d’un ferry en surcharge : 70 morts ; 4 novembre 2016, Batam, Indonésie, naufrage d’un autre ferry surchargé : 54 morts…
Lors de l’accident du «Dona Paz», la plus grande catastrophe maritime en temps de paix, la licence de radio VHF du ferry était un faux tandis que celle du pétrolier Vector avait expiré. Il semble églement que l’équipage faisait la fête au moment du drame : «underqualified and overworked crew», équipage incompétent et surmené, conclut-on…
Après le naufrage du Titanic (1500 morts, le 14 février 1912), le monde des paquebots de croisière s’est organisé, en tirant les leçons et prenant le maximum de précautions. Aujourd’hui, et malgré quelques défaillances humaines, le rêve des «villes flottantes» attire tous les jours des milliers d’utilisateurs en confiance.
À Madagascar, sans parler des accidents mortels dans lesquels sont régulièrement impliqués les taxibe urbains, on ne compte plus les compte-rendus de taxi-brousse devenus cercueils pour leurs passagers. Un autre drame, fauchant également des jeunes, parfois des familles entières, avait déjà eu lieu cette année, le 28 janvier, à Anjozorobe, faisant 47 morts. Ce dernier accident sur la route d’Ankazobe est, malheureusement, dramatiquement banal.
Transport public toujours sans professionnalisme («la qualité du service et la sécurité des usagers ne sont pas négociables», avait déjà martelé le ministre des transports en 1997). Tracé des routes nationales à recalibrer ou à modifier, notamment sur les axes les plus fréquentés (RN2, RN7 et donc RN4). Et puis, la corruption qui peut devenir complicité d’homicide par négligence.
On peut s’enorgueillir de trains de luxe avec wagons Pullman («Eastern and Oriental Express» entre Singapour et la Thaïlande ; «Pride of Africa» en Afrique du Sud ; «Maharadjas’Express» en Inde). Ou se complaire dans un folklore suicidaire : passagers sur le toit des wagons, grappes humaines accrochées à flanc de wagon jusque devant la locomotive… C’est un choix politique, un choix de société, un choix de civilisation.
Il y a 120 ans, le général Gallieni avait déjà envisagé le rail entre Antananarivo et Majunga, mais la priorité alla au tracé le plus court, celui de Toamasina. Au Pérou, le «Train de la Sierra» passe du niveau de la mer, à Lima, pour grimper jusqu’à 4818 mètres d’altitude à Ticlio, dans les Andes : 59 ponts, 66 tunnels, 22 zigzags, pour atteindre Huancayo, à 335 kilomètres après 12 heures de voyage. Les travaux durèrent 38 ans jusqu’en 1908.
En janvier 2015, lors du Sommet avec les États latino-américains et des Caraïbes, la Chine avait promis d’investir 250 milliards d’euros sur dix ans. Pour ses approvisionnements directs depuis l’Amérique latine, la Chine envisage un train transocéanique, d’un port maritime brésilien à un port maritime péruvien, et elle est prête à allouer 26,8 milliards pour cette seule voie ferroviaire.
L’autocar de tourisme, «Astromega TDX27», de chez VanHool est de dimensions généreuses : 14,10 m de long, 2,55 de large, 4 m de hauteur, pour une capacité de 91 (63+26+1+1) places assises. Le bus à double étage «Setra S431 DT» (13,89 m de long, 2,55 m de large, 4 m de hauteur), équipé de WC à bord et d’une cuisine en option, peut accueillir un maximum de 93 passagers assis. Il faut aller chez Mercedes Benz pour trouver le «CapaCity L», un bus articulé sans étage long de 21 mètres, et qui peut accueillir jusqu’à 191 passagers.
Résumons : donc, il n’existe aucun autobus à double étage pouvant accueillir 100 sièges. La pasteur rescapée de l’accident affirme cependant qu’ils étaient 140 personnes à bord. Ce 1er août 2017, aucun gendarme ni policier n’aura remarqué le surbooking, entre Ampefy et Ankazobe, en quinze heures de route, sur deux routes nationales différentes…

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Le prétexte Fazio

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Le Frère Fazio est mort. Les souvenirs d’un Collège, en l’occurrence celui des Jésuites à Saint-Michel, qui vit tout de même le jour en 1888, ne peuvent être uniformément les mêmes pour les générations qui se succèdent. Ainsi va simplement la vie. Certaines générations auront été marquées par les pères du Mouza (arrivé comme prof de sciences en 1946) ou de Boisséson (au Collège de 1929 à 1965). Eymeric Duvigneau, par exemple, aura été père spirituel pour ceux des années 1957 à 1973. Sans doute que les discussions politico-philosophiques avec Pierre Sèbe, qui n’avait pas, dit-on, la même conception de la catéchèse que l’archevêque, raison invoquée de son départ pour La Réunion, avaient auparavant fait le bonheur curieux des «Grands» de 1945-1964. D’autres survivants vous parleront pêle-mêle de Schuermans, La Rosa, Dubois-Matra : le bon vieux temps d’appeler les gens par leur nom de famille.
Tiersonnier : 21 janvier 2015 ; de Torquat : 10 mars 2017 ; Fazio : 4 août 2017 : chaque «oraison de mémoire» devient un hommage à ces missionnaires étrangers qui ont tout quitté pour servir ici, et, le plus souvent, mourir dans la solitude et le dénuement, loin des leurs. Français, nombreux par la force des choses (Lanusse, Delom, Poisson, Lagrange, Morterol, etc.), Italiens (Bernardi, Cerutti, de Cherchi), Hollandais (Blonk), Espagnol (Diaz),  Brésilien (Macedo), Arménien (Navassartian), Russe (l’économe Maltzeff, ancien officier des
armées du Tsar, mort et inhumé au caveau de la mission en 1968, non sans avoir légué à la Compagnie la Villa Saint-Jacques, 187 m2,
au 43 rue Samuel Stefani), etc.
Domenico Fazio (1939-1978) n’a pas servi la Compagnie de Jésus, et les Malgaches, qu’au Collège Saint-Michel, mais il y aura tout de même accompli 23 de ses 59 années de vie religieuse. Jeune scolastique, Fazio sera champion de Madagascar en judo, toutes catégories, en 1964, huit ans avant de prononcer ses grands voeux d’engagement définitif chez les Jésuites. L’année 1968, le Collège lui doit l’aménagement de son terrain de foot sur lequel s’entraîna quotidiennement l’équipe première de Saint-Michel, championne de Madagascar en 1971. Les générations précédentes auront grandi avec Pierre Givran, directeur des Sports de 1957 à 1968 et auquel succédera Domenico Fazio jusqu’en 1985. Comme le dit si justement le R.P. De Torquat dans son livre sur le Collège, «il ne sera pas remplacé» puisqu’à partir de 1987, le sport, qui avait fait l’autre gloire de Saint-Michel (club de foot né en 1948, handball lancé en 1960, judo-club fondé en 1961), sera confié à une entité, l’ASSM (association sportive de Saint-Michel).
Je n’ai jamais été sportif, même si «le sport est une école de discipline collective et de maîtrise de soi». Du Frère Fazio, donc, je garde le souvenir précis d’une observation finale au bas d’un bulletin. Celui de la fin sixième, que j’ai toujours gardé depuis le 20 juillet 1981 (tampon-dateur faisant foi) : «Très bien pour le travail, mais reste très fermé comme enfant. Doit communiquer un peu plus». Depuis, tout au long des 36 dernières années, tenaillé par cette observation de «Dafazy», je me serai un peu, beaucoup, soigné.

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Omeo olona manana toetra masina aho

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Mahalasa adala ny fivavahana raha atao lahasa sy «latasy». Indrindra raha raisina ara-bakiteny avokoa izay voasoratra anatin’ny boky lazaina fa masina. Mainka koa raha ekena anjambany izay rehetra lazain’ny mpitondra fivavahana.
Ankatoavy aho, hasino aho, tompoy aho. Araho fotsiny ny teniko ary vonoy ny feon’ny fieritreretanao. Avelao ny fianakavianao ary arosoy ho ahy ny fanananao. Mampatahotra ahy ny olona sahy misavika tahaka izany ny sain’ny hafa. Ary mampanahy ahy ny olona mandrorona ny maha olona azy ka mitovy amin’ny omby : atao havia, dia havia ; alefa havanana, dia havanana.
Nalaza tato ho ato ny mpitondra «fivavahana» sasany : ny iray hoe hamono tena sy etsetra rehefa avy namabo zaza amam-behivavy malemy saina ; ny faharoa hoe hilatsaka Filohan’ny Repoblika hono.
Misy koa aza mangataka an’i Mompera Pedro hilatsaka ho fidiana : nahavita be tokoa ho an’ny tsy manan-kialofana ny tenany, saingy anjarany ve anefa no hitantana firenena   Vao haingana no nodimandry Frère Fazio, nitaiza tanora maro tamin’ny fanatanjahantena :
Saint-Michel Amparibe (1960-1985), Saint-François Xavier Fianarantsoa (1985-2000) ary mpanorina ny FIMPIVA misahana ny fiverenana any ambanivohitra hifototra amin’ny fambolena sy fiompiana. Jezoita isan’ny nampianatra ahy tao amin’ny
Saint-Michel raha i Frère Fazio saingy tsy ho alehan’ny lohako mihitsy ny hiantso azy hitondra Fanjakana.
Tokony tsy hafangaro ny fivavahana, izay safidin’ny tsirairay, sy ny raharaham-panjakana fandaminana firenena manontolo. Alaina ho ohatra sy hifampitaizana ny toetra mendrika asehon’ny tena misionera tahaka an-dry Pedro sy Fazio ary ireo marobe nahafoy ny ainy ho an’ny Tany tsy azy akory : fahafoizan-tena, fanetren-tena, fikatsahana ny soa iombonana, fitsinjovana ny mananon-tena sy ny kamboty, fitiavana sy firaisankina. Fa aoka tsy izy tenany no ho atao sary vongana hiankohofana.
Matoa olona marobe no mifikitra amin’ny fiangonana zandriny etsy sy eroa, ny sekta isan-karazany ary ny mpaminany sandoka maniry ohatra ny anana, dia efa alohalika
mila handifotra azy ny fahasahiranana sy
famoizam-po.
Ny fanabeazana azoko sy ny fianarana nodiaviko, ny boky rehetra nivahinianako maneran-tany sady nitetezako ny
Tantara nodiasan’ny zanak’olombelona, no ahasahiako miteny fa na hivavaka
marain-tsy hariva, eny tontolo andro aza mandavataona, tsy ho izany no hiarenan’ity Nosy ity. Mila mpitondra manana toetra «masina», araka izay efa voatanisa etsy ambony : tsy tia tena, tsy tia kely, tsy mangalatra vatosoa sy andramena, tsy manodinkodina ny volam-bahoaka, tsy mivarotra tanindrazana ary mitsinjo izay lova ho avela ho an’ny taranaka handimby. Mila mpitondra manana toetra «masina» fa tsy «olo-masina» ho atao andriamanitra kely hanao izay danin’ny kibony.

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Andrianiko ny Fianarana sy Fanabeazana

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Lakilasy ve, Tompoko, hianarana sa natao efitra fivantanan’ny mpizaika, mpanao fanatanjahantena, mpamonjy lasim-piangonana, mpitsangatsangana   Na izany fanontaniana izany aza ve moa tokony hapetraka akory fa sanatria mihitsy isika eto Madagasikara mitrongy tany amin’ny handrina, manosy fotaka amin’ny tampon-doha, mijoro ihany fa mitsongoloka.
Isak’izay misy rivo-doza, tondra-drano, voina isan-karazany, dia lalan-kita-kisoa ny famahana hibanabana ny varavaran’ny sekoly hialofan’ny tra-boina. Ao ry zareo no mahandro hanina ary tsy misahirana maka lavitra
fa ny dabilio na ny tolanam-baravarana no
ataony kitay.
Ny fanabeazana sy ny fampianarana no fototra marina indrindra hijoroan’ny firenena iray ary antoky ny fivoarany. Japana nozerana baomba atomika tamin’ny 1945, telopolo taona mahery kely fotsiny taty aoriana, taona 1979, nahatafavoaka ny «Sony Walkman» niparitaka eran’izao tontolo izao. Manerana an’i Azia, andriamanitra kely mihitsy ny «Senseï» na mpampianatra. Hahagaga ve raha tahaka izao ny fandrosoan’ny Sinoa, ny Koreana, na ry zareo ao Singapore, eny fa na ny Indiana (Karana hoy isika) aza   Vao firy andro lasa izay ilay Ministra avy atsy amin’ny Nosy Maorisy tonga nanome lesona antsika teto : ny fiofanana, ny fianarana, ny fanabeazana, ireo no toko telo nahamasa-nahandro mampisongadina io Nosy kely io : fitaratra aty amin’ny Ranomasina Indiana, anatra maneso an’i Madagasikara, Ariary Be tsy mahavelon-tena.
Aiza moa izany fiofanana, fianarana, fanabeazana izany no hiparitaka amin’ny maro an’isa indrindra raha tsy any an-tsekoly, indrindra raha samy sahirana ny isan-tokantrano
Anefa, araka izay hita farany tany Mahajanga ka voatery nandraisan’ny Ministeran’ny Fanabeazana fepetra fandraràna, ny antsika ny sekoly avela simbain’ny mpizaikan’izao sy izatsy : sady tsy mahalala fomba mba manaja ny zavatr’olona, ka manala baraka ny mpiray fikambanana aminy.
Fianarana, Fanabeazana, Fitaizana : tsy azo ihodivirana fa vitantsika nomena lamosina, mibaribary fa haintsika nodian-tsy hita. Izao, ny ankabezan’ny Gasy, sady tsy mahay, no tsy hendry, no tsy mahalala fomba intsony. Ny ahy, tsy dia izay tarehimarika ara-ekonomika loatra no handrefesako ny fitotonganantsika fa ny Kolontsaina atao zinona, ny fahalalam-pomba raisina ho aingitraingitra, ny tsikalakalam-pahaizana atao ambanin-javatra. Moa tsy ireo no mamaritra ilay hoe «fanahy» maha-olona   Sanatria izany an-dalan’ny ho very fanahy isika Gasy. Ho faty varo-boba izao fiaraha-monina izao. Ka ho lasan’ny sasany ambongadiny na hifandrotehan’ny jiolahy antsinjarany.
Tamin’ny andron’Andrianampoinimerina, 230 taona lasa, nomeny hasina mitovy amin’ny Rova ny Tsena mba ho fiarovana ny varotra ary hitsinjovana ny kamboty sy ny malahelo. Nitomany avokoa isika raha nisy tsy vanona nandoro ny Rova. Miantso tody isika raha misy manazimba ny Fasan-drazana. Tafintohina ny mpivavaka raha sanatria misy mihetraketraka amin’ny Fiangonana. Fa rahoviana ny Sekoly, ny Lakilasy, ny Tranom-boky, ny Tranom-bakoka, ivon-toeran’ny fianarana sy fanabeazana, handrantoana fahaizana, loharanom-pahendrena, no ho omentsika Hasina .

Nasolo Valiavo Andriamihaja

«Welcome back home»

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Fong Po Thune est mort à Hong Kong. Mais, sa dépouille sera rapatriée à Madagascar. Et comme le dit si bien le faire-part en malgache, malgré une coquille orthographique : «ny nofo mangatsiaka dia ho tonga eto an-tanindrazany» : «la dépouille sera de retour en sa patrie», le
15 août.
Il était le patron du célèbre magasin de l’avenue de l’indépendance, «Samkocwa», véritable caverne d’Ali Baba de tout ce qui touchait à la radio (ondes courtes et ondes moyennes puisque la FM ne servait à rien), le hi-fi (ah, les premières radio-cassettes «double-deck»), les téléviseurs (longtemps en noir et blanc), divers équipements de bricolage ou de confort et les accessoires associés, à une époque où n’existait ni téléphone portable ni iPod ni Internet. Mais, là, je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître.
Les ancêtres de Fong Po Thune, comme les ancêtres de Louis Laï-Seng (enseignant sortant de l’école Le Myre de Vilers), comme les ancêtres d’Antoine (Restaurant Jasmin), comme les ancêtres de Pierrot Men (photographe qu’on ne présente plus), comme les ancêtres de Jean Yves Chen (peintre qu’on ne présente plus non plus), étaient arrivés il y a bien plus longtemps que 40 ans. Plutôt deux ou trois fois 40 ans… Où sont-ils les descendants de ce Chinois que le missionnaire de la London Missionary Society, William Ellis, avait rencontré à Tamatave en 1856 ?
Fong Po Thune était le représentant attitré des «Sinoa Zanatany», ceux qui sont nés à Madagascar et qui ont décidé de s’y faire enterrer. Quitte à se faire rapatrier de la lointaine  enclave de Hong Kong. Il était également le fondateur de l’association «Amitié Madagascar-Chine» ce qui souligne, non pas l’ambiguïté du statut des «Sinoa Gasy», mais plutôt le paradoxe d’avoir à être en quelque sorte les ambassadeurs en terre malgache, donc chez eux, non pas d’un pays, la Chine, dont ils n’ont pas la nationalité, mais d’une Culture, Cinq fois Millénaire, dont ils auraient tort de ne pas être fiers.
Formose (actuelle île de Taïwan) leur avait fourni la première assistance ou avait constitué la première plate-forme internationale, avant le retour de l’indépendance de Madagascar. L’école chinoise de Fianarantsoa, par exemple, avait été créée en 1952 avec le parrainage de Taïwan. Le Hong Kong d’avant la rétrocession leur avait été la passerelle commode, familière, naturelle, avec la «terre des ancêtres». C’est que, les «Sinoa Gasy» sont tous originaires de cette partie septentrionale de la Chine.
L’ouverture d’un Institut Confucius à Antananarivo depuis 2008 (la France a son Institut Français, l’Allemagne a son Goethe-Institut, les États-Unis l’American Cultural Center, l’ambassade du Japon organise régulièrement son concours de discours en nippon) vient relayer les anciennes activités pédagogiques du Cercle chinois (par exemple, l’ancienne école chinoise de Soavinandriana, un beau «campus» en friche). Là, on apprend qu’une trentaine d’étudiants malgaches ont obtenu leur bourse d’études du gouvernement chinois. Autant d’ambassadeurs de cette Culture Cinq fois Millénaire, car il n’y a pas que des «accaparements» de terres, des relations managériales problématiques avec les employés d’anciennes sociétés d’État, ou des histoires de «confiscation» de l’or ou du pétrole malgaches. Rappeler à l’opinion publique malgache, la vieille cohabitation sans histoires avec les «Sinoa Gasy», c’est lui parler autrement de la Chine moderne et des relations adultes que Madagascar peut nouer avec elle.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja


Antananarivo et le désert médical malgache

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Un «Centre hospitalier de référence» de district existe à Ankazobe. Pourtant, les victimes des nombreux accidents de la circulation à ce niveau critique de la Route Nationale 4 doivent être systématiquement évacuées au HJRA (en passant d’ailleurs sans s’arrêter à l’hôpital dit «manara-penitra» de la route digue) d’Antananarivo, à 90 kilomètres. Accidentés à Ambatolampy, victimes d’actes de banditisme à Ambositra, blessés à Moramanga : dans le désert médical autour de la Capitale, les familles ne font confiance qu’aux pourtant pauvres infrastructures d’Antananarivo.
On se rappelle encore le slogan-programme de la République socialiste (1975-1991) : «une école primaire dans chaque Fokontany, un lycée dans chaque Fivondronana, une Université dans chaque Faritany». Je n’ai pas souvenir de son pendant médical : les autres capitales de province, autres qu’Antananarivo, sont aussi démunies que la campagne alentour avec les pauvres CSB (centre de santé de base).
Il y a dix ans, dans une Chronique du 11 juin 2007, je me surprends à décrire une situation très actuelle : «les hôpitaux malgaches sont aux CHU d’ailleurs ce que les “Hôtely Gasy” sont aux restaurants à étoiles» (…) Bien qu’on continue de louer le savoir-faire des praticiens malgaches, les dirigeants du pays ont toujours privilégié des soins à l’extérieur plutôt que de s’en remettre au système de santé sur lequel ils étaient pourtant censés veiller. Alors, de Toliara à Antananarivo, il ne faudra pas s’étonner que le périple sanitaire se prolonge à l’île de La Réunion (…) Fidel Castro a été opéré dans un hôpital cubain, par un chirurgien cubain, plutôt que d’être évacué à Moscou ou Pékin. Le jour où un Président de la République malgache acceptera d’être admis dans un hôpital de la place….
Dernièrement, c’est l’archevêque d’Antananarivo qui a été évacué à l’île Maurice pour une menace d’AVC…Quant aux dirigeants malgaches, ils se font discrètement faire leur check-up médical à l’étranger.
Les Malgaches les plus démunis avaient fini par s’habituer aux tournées du bâteau-hôpital de l’association humanitaire «Mercy Ships». Les soins sont prodigués et les actes chirurgicaux pratiqués au port de Toamasina, mais des équipes médicales procèdent au préalable à la détection des maladies rares (fistule obstétricale, fente labiale, diverses tumeurs, cataracte) dans une dizaine de villes de Madagascar.
Lors du salon des produits indiens à l’Hôtel de Ville, en 2016, le «Kokilaben Dhirubhai Ambani» de Mumbai était venu vanter son activité : bilan général de santé, depuis le cancer jusqu’à la chirurgie plastique, en passant par la cardiologie, la pédiatrie, la neurologie, l’orthopédie, l’osthéopathie. Connus des Malgaches, la «Fortis Clinique Darné» de Curepipe, île Maurice, fondée en 1953, revendique une centaine de médecins spécialistes : chirurgie cardiaque, endocrinologie, diabétologie, maladies cardio-vasculaires, rhumatologie, etc.
Le néologisme «Evasan» est entré dans le vocabulaire familier suite à un récent scandale politico-médical. Mais, la réalité d’une désaffection à l’encontre du système de santé malgache est bien plus ancienne. Et aucun «zava-bita» (réalisation à inaugurer) ne vient inverser cette tendance malheureuse.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Servir mais pas se servir

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C’est un scandale. Et la Primature n’a pas nié les faits : pendant son déplacement officiel au Rwanda (investiture du président réélu) et en Afrique du Sud (Sommet de la SADC), le Premier Ministre et son épouse voyageront accompagnés de leurs trois enfants. Le communiqué de tenter de préciser que «les enfants ne sont pas pris en charge par l’administration». Mais, le mal est fait.
Madagascar est un des pays les plus pauvres du monde. Ses dirigeants successifs n’ont réussi ni miracle économique ni exploit social. Il est donc particulièrement sensible que lesdits dirigeants ne soient pas, de surcroît, soupçonnés d’abuser de l’argent public à des fins personnelles.
La forme participe du fond : personne ne peut comprendre que dans le contexte actuel, d’insécurité non maîtrisée, de pillages sans fin des richesses nationales, de prolétarisation de tout un pays, la famille du Chef du Gouvernement donne l’impression de voyager aux frais du contribuable. Quels que soient les détails d’organisation ou de prise en charge dont l’opinion publique n’aura cure.
Dans la série télévisée «Borgen», du surnom que les Danois donnent au château de Christianborg où siège leur Parlement, on voit comment dans un pays prospère comme le Danemark, le Chef du Gouvernement se déplace à bord d’une limousine sans ostentation, et avec une seule berline d’escorte, tandis que le moindre déplacement des autorités d’un Madagascar classé parmi les PMA (pays les moins avancés) mobilise une flotte de voitures grandes consommatrices de CCAL (cf. Chronique VANF, «C’est dans Borgen», 20 août 2015).
Madagascar n’est pas le Danemark. Madagascar n’est pas non plus la France et sa flotte présidentielle de 10 avions dont l’usage fait tiquer régulièrement la Cour des Comptes : un Airbus A330-200 (20.776 euros de l’heure de vol), 2 Falcon 7X (4.742 euros de l’heure de vol), 2 Falcon 2000 (4.251 euros de l’heure de vol), 2 Falcon 900 (3.998 euros de l’heure de vol), 3 hélicoptères Super Puma (6.411 euros de l’heure de vol). Madagascar est encore moins l’Amérique où il en coûte 186.000 euros pour une heure de vol du Boeing 747-200 d’Air Force One. Pour chaque déplacement de «POTUS» (President Of The United States), le Boeing 747 officiel est toujours précédé d’une flottille d’avions-cargos assurant notamment le transport de la limousine présidentielle, d’une ambulance et des hélicoptères présidentiels, tandis que l’autre 747 de rechange se tient réserve.
En Scandinavie (Danemark, Finlande, Suède, Norvège), on parle de «socle moral nordique», «subtil cocktail de confiance mutuelle, de rigueur protestante, de sens du devoir civique, d’égalitarisme et de peur du qu’en dira-t-on». En 1995, pour une affaire de tablette de chocolat payée avec une carte de crédit de fonction, la vice-Premier Ministre de Suède, Mona Sahlin, avait été balayée par le «scandale Toblerone». En Norvège, la Maire de Bergen avait été obligée de démissionner suite à la révélation d’une croisière de 48 heures à bord d’un paquebot dont elle était la marraine, et d’un voyage de trois jours à Venise payé par l’armateur pour lequel elle faisait du lobbying.
Dans ces pays, qui figurent aux meilleures places dans tous les classements et autres indices de développement humain durable, les déplacements ministériels s’effectuent dans l’anonymat et la discrétion de la classe économique. L’efficacité de leur mission vaut à leur pays d’être cités en exemple et à leur population de profiter d’infrastructures confortables, de sécurité publique idoine, de système de santé parfait, d’organisation scolaire exemplaire, d’économies prospères. Max Weber parlait de l’éthique protestante. C’est sans doute déjà compliqué et trop ambitieux et il suffirait que nos dirigeants se soucient simplement de servir plutôt que d’abord se servir.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Haingàna fa ho ritra ny rano e !

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«Tanindrazana ! Fomban-drazana !! Tenin-drazana !!!»: mizàna andanjana ary sedra amantarana ny olombanona ireo hoy Johanesa Rakotovao amin’ny Sasin-teny nataony nialoha ny «Ohabolan’ny Ntaolo» nangonin’ny Misioneran’ny LMS (London Missionary Society) William Edward Cousins (1840-1939). W.E. Cousins dia isan’ny nahasoratra betsaka indrindra tamin’ireo misionera hatramin’ny nahatongavany voalohany teto Antananarivo tamin’ny 2 septambra 1862. Izy no nitarika ny komity nandinika indray ny dika-teny malagasy ny Baiboly ny taona 1873.
Mpikambana tamin’io komity io, solontenan’ny NMS (misiona loterana norveziana) ny Mpitandrina Lars Dahle (1843-1925). Izy no nangataka mba ho ny teny hebreo sy grika no hifotorana adika amin’ny teny gasy. Vita tamin’ny 1887 izany Baiboly protestanta faharoa izany. Tsangambaton’i Lars Dahle ny boky «Malagasy folklore» (taona 1877).
Ny «Malagasy proverbs» (taona 1871) voaangon’i Cousins sy Parrett dia niisa 1477 tamin’ny taona 1871 ary tafakatra 3790 ny ohabolana rehefa natonta fanindroany ny boky (taona 1885). John Alden Houlder ihany koa, misionera LMS, dia nahavita nanangona, nandika ary namakafaka ohabolana 2318 nandritra ny 24 taona (1871-1895) nipetrahany teto Madagasikara. Nialoha azy rehetra ireo dia efa nisy ohabolana ihany koa voatanisan’i David Griffiths tamin’ny taona 1854.
Ireny asa-soratry ny misionera (LMS, NMS, Jesoita) ireny no nalaza saingy tsy azo adinoina ny ezaka natomboka tamin’ny voalohandohan’ny nanjakan-dRanavalona Reniny (1828-1861).
«Tanindrazana ! Fomban-drazana !! Tenin-drazana !!!». Marihina tsotsotra fotsiny fa ao amin’ny bokin’i Houlder, ohatra, dia vitsy lavitra kokoa ny ohabolana miresaka ny fahendrena noho ny ohabolana mitsikera ny hadalana. Izay tokoa angamba ilay hoe  «mananatra ny adala, ka ny vava no vizana». Akanjon-goaika ka vita fony kely matetika kokoa izany ny hadalana ary indraindray ihany isika vao mahatsapa tokoa hoe «fahadalam-pietrana, fahendrem-pisondrotana».
Tsy ho ary voatanisa eto ny ohabolana an’arivony fa indro vitsivitsy atsipy am-pon’ny mahalala. Matetika miverina ny fomban’ny biby nahazatra ny Ntaolo ary nahafoizany andro sy fotoana nodinihina : kary, vorondolo, tsikovoka, voalavo, totozy, kisoa, amboa, akoholahy.
1. Lahy antitra kendam-bodiakoho : mahazo fanjakana vao mivadi-boamaso.
2. Mirediredy ho lambolahy, fa rehefa mahita ny ampombo malemy, miketraka ho reni-kisoa. Kabarin-tsaka ka vao miteny dia omeo.
3. Papango amam-borona : iray toerana fa samy hafa faniry ; totozy sy voalavo : iray volo, fa tsy iray raharaha ; tsiboboka sy toho : rano no iraisana, fa ny tarehy samy hafa.
4. Tranon-takatra nidiram-borondolo sy jiolahy nahafaty mpamosavy : simban’olon-dratsy ny olon-tsy vanona. Lolo mamoha angatra : maka afo amin’ny maty. Kary mihomehy vorondolo : ny mandady indray no mihomehy ny manidina.
5. Akoholahy maro an-dRova, samy te haneno avokoa.
6. Aza manao toy ny tandindona : miaraka ihany fa tsy azo ho namana.
7. Tsikovo-drano sy foza voatango : haingàna, lalina saina, fa ho ritra ny rano.
Farany : ny anatra, hono, vahiny : tiana, mody mandry ; tsy tiana, mitampody.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Mankasitra ny Misionera namaky olatra ny fampianarana

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18 aogosta 1818 (tonga tao Toamasina David Jones sy Thomas Bevan), 4 oktobra 1820 (tafakatra teto Antananarivo David Jones), 21 jona 1835 (vita printy ny Baiboly voalohany amin’ny teny malagasy). Taon-jobilin’ny FJKM izao, saingy sao adino ireo daty ireo. Mampitombo ny fahalalana ankapobe, mampahafantatra ny tantara, mankasitraka ny asan’ireo misionera.
David Jones sy Thomas Bevan no misionera namaky olatra voalohany indrindra. Neuaddlwyd, tanàna kely any Valesy (Wales, Pays de Galles), no fiaviany. Niondrana ho aty ny febroary 1818 ary tody tao Toamasina ny 18 aogositra 1818. Nipetraka tao iray volana sy tapany ary nanorina sekoly tao Ivondro dia niverina tany Maorisy haka ny vady aman-janaka. David Jones no tafaverina voalohany tao Toamasina. Kanjo ny 13 desambra 1818, maty tao Toamasina ny zanany ; 29 desambra, maty ny vadiny. Ny 23 jona 1830 David Jones no niala tanteraka teto Antananarivo ary tany Maorisy izy no maty ny 1may 1841.
Hagaigena tsotra izao no nataon’i David Jones satria zazakely, sady teraka alohan’ny fotoana (prématurée), no vao efatra volana no nentiny nisedra ny tazo mpandripaka ny vahiny tsy zatra ny toe-tany. Araka ny soratr’i Jean Valette hoe «puritain, fanatique, sûr de sa foi et de la sainteté de sa mission» (maotina jadona, masiaka fivavahana, vonto ny finoany sy ny fahamasinan’ny asany) : cf. «Aux origines de l’évangélisation de Madagascar : les débuts de l’apostolat de David Jones (1818-1819)», Revue française de l’histoire d’outre-mer, 1977, volume 64, n° 236, p.390.
Tonga Toamasina ny 6 janoary 1819 Thomas Bevan mianakavy : 24 janoary maty ny zanany, 31 janoary maty izy Thomas Bevan, 3 febroary maty ny vadiny. Voatery niverina nitsabo-tena tany Maorisy David Jones ny volana jolay 1819. Talohan’ny nandefonana an-dRasalama, ny 14 aogosta 1837, ireo angamba no tena martiora voalohan’ny LMS (London Missionary Society) teto Madagasikara.
Asian-teny manokana i James Cameron izay efa nonina sivy taona (1826-1835) teto Antananarivo : mpandrafitra 600 no nofaniny, nampianatra ny fanaovana printy ihany koa izy (James Cameron, David Jones ary David Griffiths no nanonta voalohany ny Baiboly : Genesisy 1, 1-23). Izy no nanorina ny Tranovato Ambatonakanga sy Faravohitra, ny trano biriky fitsaboana Analakely, ny Fiangonana Analakely, ny lapa Manampisoa ao Anatirova, ny «kodia fampiakaran-drano Anosimahavelona», ary ny rafi-baton’i Manjakamiadana. «Vazaha maintimolaly» izy raha niverina ny 7 septambra 1863 ary tsy niala teto intsony mandra-pahafatiny. Nalevina tao Ambatonakanga ny 4 oktobra 1875. James Cameron, mialoha an’i Jean Laborde, no nisantatra ny taozavatra maro teto. Nanatevin-daharana tato aoriana ry Canham (mpandona hoditra sy mpanao kiraro), Chick (mpanefy vy), Rowlands (mpanenona), Cummings (famolesana landihazo), Kiching (asa hoditra, asa printy).
Ny misionera no nirakitra antsoratra tamin’ny Baiboly ny teny malagasy. Izy ireo ihany koa no nahitana ny Rakibolana tamin’ny taonjato faha-19 : Dictionary of the Malagasy Language (Joseph John Freeman sy David Jones, LMS, 1835) ; Dictionnaire Français-Malgache (Joseph Webber, Jesoita, 1853) ; Malagasy-English Dictionary (James Richardson, LMS, 1885) ; Dictionnaire Malgache-Français (Antoine Abinal sy Victorin Malzac, Jesoita, 1888). François Callet (1822-1885), Jesoita nanangona ny «Tantara ny Andriana», dia indrisy maty talohan’ny nahavitany ilay «dictionnaire» lehibe efa natombony ary nisy sombiny navoakan’ny Akademia Malagasy taty aoriana.
Raha ny 8 desambra 1820 David Jones no nisantatra ny fampianarana dia telo monja ny mpianatra. Tonga 85 ny mpianatra nosahanin’i David Jones sy David Griffiths (nanoratra boky «Hanes Madagascar» tamin’ny teny valesy, 1854) niatrika ilay fanadinana voalohany indrindra teto Madagasikara (vakiteny, soratra, marika, zaitra ho an’ny ankizivavy) ka natrehin-dRadama ny 17 jiona 1822. Tamin’ny 1826 dia niisa 2000 ny mpianatra, niampy ny taranja (sora-tononina, geografy) ary niparitaka sahady manerana an’Imerina ny sekoly : Antananarivo, Ambohimanarina, Anosizato, Anjanahary, Alasora, Ankadivoribe, Ambatomanga, Tsiafahy, Ambohimirakitra, Hiaranandriana, Ambohimanjaka, Ambohidratrimo, Ambatolampy, Anosy, Isoavinimerina, Ampananina. Feno 38 ny isan’ny sekoly ny taona 1828, 957 ny mpianatra zazalahy, 480 ny zazavavy. Hatramin’ny taona 1835, dia heverina fa 10.000 (iray alina) ny mpianatra nandranto fahaizana, alohan’ny nialan’ny misionera rehetra ny 20 aogositra 1836. Tafakatra 80.000 izany ny taona 1887.
Tsy fivavahana ihany no nentin’ny misionera teto fa namboly ny fampianarana izy ary namela soratra maro (raha tsy hitanisa afa-tsy ny revio «Antananarivo Annual», ny boky enina ambin’ny folo nosoratan’i James Sibree izay arkitekta ny Fiangonana Tranovato efatra : Ambatonakanga, Faravohitra, Ambonin’Ampamarinana, Ambohipotsy) mirakitra ny teny, ny fomba, ny tantara. Roanjato taona aty aoriana, aiza ho aiza isika amin’izany ezaka fianarana sy fanabeazana izany ?

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

Le prétexte Musset

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Alfred de Musset est né le 11 décembre 1810. L’année de la mort d’Andrianampoinimerina. Le poète français décéda le 2 août 1857. L’année cette fois du complot (juin-juillet) qui devait mettre le prince Rakoto sur le trône en lieu et place de sa mère Ranavalona. Entre-temps, Alfred de Musset finit par entrer à l’Académie française, en 1852, l’année de la mort de Rainiharo, chef de la famille des Andafiavaratra qui reçut de la reine Ranavalona des funérailles princières jusqu’à sa dernière demeure, le «Fasan-dRainiharo», aujourd’hui devenu point de repère du quartier haut-Isotry. Quelques années plus tôt, Alfred de Musset avait publié son poème «La nuit de mai», en 1835, année de l’interdiction du christianisme (1er mars) et de l’achèvement de la traduction de la Bible en malgache (21 juin).
«La nuit de mai». Il n’est pas mauvais que le prétexte (Musset) devienne quelque part, un instant fugace, le coeur du propos. De ce dialogue avec sa Muse que le poète appele «ma maîtresse et ma sœur», quelques morceaux d’anthologie : «quelque ennui, quelque amour, une ombre de plaisir, un semblant de bonheur ; dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ; Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu ; Éveillons au hasard les échos de ta vie ; Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie ; Inventons quelque part des lieux où l’on oublie».
Et bien entendu : «Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur ; mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète, que ta voix ici-bas doive rester muette ; les plus désespérés sont les chants les plus beaux, et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots».
Déception, douleur, fureur : la reine Ranavalona avait-elle pu laisser échapper un sanglot de colère, en août 1857 ? «Sento mihamafy, tsy an-kiteniteny, sento lasalasa, sentom-pahoriana», écrira, sans bien entendu qu’elle le sache, Erzy-Arf, soixante-dix ans plus tard («Vetsovetso», Ny Telegrafy, n°41, 18 janvier 1927). «La Reine acharnée à faire sentir aux coupables le poids de sa colère, implacable dans sa vengeance, sourde et inexorable à toutes les supplications» psychanalyserait presque le Jésuite Adrien Boudou, comme un raccourci de toutes les caricatures prêtées à Ranavalona (in «Le complot de 1857», Collection de Documents, Académie malgache, tome 3, 1943, p.15).
Il serait tentant de croire qu’aucun Vazaha (Étranger blanc) n’était présent en Imerina après le départ des derniers missionnaires en août 1836. Cependant, Jean Laborde vivait tranquillement à Antananarivo depuis 1832, ayant notamment mis en oeuvre son premier chantier d’Avaratr’Ilafy (Nord d’Ilafy, colline princière dans l’Avaradrano), construit le haut fourneau de Mantasoa (1841) et livré son premier canon (12 juillet 1844). Joseph Lambert, qui avait mis à la disposition des troupes de Ranavalona un navire pour ravitailler la garnison de Fort-Dauphin, fut autorisé à se rendre en Imerina. Il vint en 1855 assisté d’un «secrétaire» qui était en fait le Jésuite Marc Finaz, sous le nom d’emprunt de «Hervier». En 1856, le docteur Milhet-Fontarbie monta à son
tour à Antananarivo soigner le cancer du nez de Rainimanonja, frère de Rainijohary, chef de l’autre famille des Hova d’Avaradrano, les Tsimahafotsy établis à Andrefandrova. À cette occasion, le médecin était accompagné de deux autres Jésuites, également venus sous une fausse identité : Louis Jouen alias «Duquesne» et Joseph Webber alias «Joseph». Grand rival des Jésuites, William Ellis, missionnaire de la LMS (London Missionary Society), était arrivé dans la Capitale fin août 1856. Mais, une des visites les plus singulières, à cette époque, reste celle de l’Autrichienne Ida Pfeiffer, qui séjourna à Antananarivo, étape de son tour du monde. Suite au complot de 1857, tous les Vazaha sans exception seront expulsés. Ida Pfeiffer allait mourir rapidement à son retour en Autriche (1858).
En 1829, Alfred de Musset publiait son premier recueil «Contes d’Espagne et d’Italie» qui n’avait rien d’un journal de voyage en terre malgache (Bernardin de Saint-Pierre, lui, avait séjourné à l’île Maurice, anciennement «île de France», et en fit le fond de son roman «Paul et Virginie» paru en 1788). Cette année-là (juillet 1829), les jumeaux Rahaniraka et Raombana étaient de retour à Madagascar après huit années passées à Londres et Manchester. L’année précédente, 1828, Ranavalona, épouse du défunt Radama, mais surtout fille adoptive de Ralesoka, la sœur d’Andrianam­poinimerina, accédait au trône. Elle y restera 33 ans, un règne long, charnière, entre le XVIIIème siècle isola-nationaliste et les courants d’air du XIXème siècle qui allaient nous gripper. Mais, c’est une autre histoire.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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